Voir grand, commencer petit et aller vite: Parcours d’un bâtisseur

Issad Rebrab

Issad Rebrab

Issad Rebrab est un homme d’affaires algérien. Président-Fondateur du Groupe CEVITAL, il voit le jour en mai 1944 dans les hauteurs de Grande Kabylie au village de Tagmount Azouz, non loin de Tizi-Ouzou, au nord de l’Algérie.

Issu d’une famille modeste et révolutionnaire, il aura un parcours digne d’admiration. Parti d’un simple cabinet d’expertise-comptable, il finira par devenir une figure emblématique de l’industrie algérienne, jouissant d’une renommée internationale.

Pour réussir, il suivra une devise devenue célèbre et qui résume parfaitement sa philosophie de l’entreprenariat : Voir grand, commencer petit et aller vite. 

Algaria

Un cabinet d’expertise-comptable comme point de départ

Féru de chiffres et de mathématiques, Issad Rebrab est diplômé de l’école normale d’enseignement professionnel.

Juste après la fin de ses études, Il a enseigné un temps la comptabilité, les mathématiques financières et le droit commercial dans un collège pour jeunes filles à Constantine. Par la suite, il a occupé le poste de Chef Comptable et Directeur Financier des Tanneries Algériennes, une entreprise publique, située à Rouiba.

En 1968, il prend une décision qui changera le cours de sa vie. Il quitte la fonction publique et se lance comme indépendant en créant son propre cabinet d’expertise comptable.  

Une décision courageuse. A l’époque, il n’y avait pas beaucoup de grandes entreprises. Ses clients étaient des petites entreprises de peintures, de menuiserie, des dépôts de céréales, des mécaniciens, des entrepreneurs de maçonnerie.

 

Son premier chiffre d’affaire était de 1200 DA par mois. Moins que son salaire aux Tanneries Algériennes qui était de 1900 DA. De quoi décourager plus d’un, mais pas Issad Rebrab. Sa détermination à réussir cette première aventure entrepreneuriale a porté ses fruits. A la fin de l’année suivante, il a réalisé un chiffre d’affaire de plus de 10 000 DA par mois. Et sa progression allait se poursuivre, si bien qu’en 1974, lorsqu’il décide de confier son cabinet à son beau-frère pour se consacrer pleinement à son aventure industrielle entamée en 1971, son chiffre d’affaires était de 50 000 DA par mois. Un exploit pour l’époque où les salaires maximaux étaient de l’ordre de 7000 DA. 

1971 : Le Grand saut dans l’univers de l’industrie

Issad Rebrab

Issad Rebrab doit sa découverte du monde de l’industrie à son métier d’expertise-comptable. En tenant la comptabilité des petites entreprises, en conseillant les entrepreneurs privés, il fut progressivement amené à s’intéresser à leurs activités, puis à être attiré par la possibilité de s’engager lui-même dans les affaires.

Parmi les clients que comptait son cabinet figurait une petite entreprise artisanale de construction métallique du nom de SOCOMEG.  Elle fut son premier grand saut dans l’univers de l’industrie.

Localisée à Bab Ezouar, SOCOMEG était une SARL créée en 1970 par 5 associés, venant d’horizons différents.  En 1971, un des associés quitta l’entreprise. Les autres, déjà fortement impressionnés par leur jeune comptable, proposèrent à Issad Rebrab de les rejoindre en prenant 20% des parts sociales.  Il accepta à la condition de garder son cabinet d’expertise comptable.

 

Pour développer l’entreprise, améliorer sa performance et trouver de nouveaux contrats, il s’est tourné vers les autres clients de son cabinet d’expertise-comptable. L’un d’entre eux, La société SAFOR, s’est montré ouvert. 

Spécialisée dans les forages d’eau, SAFOR utilisait des tuyauteries spéciales qu’elle importait. Issad Rebrab se fit alors la promesse de les fabriquer à SOCOMEG. Pari réussi ! Après de multiples péripéties, il parvint avec ses associés à fabriquer des tubes crépinés à nervures repoussées d’une qualité supérieure. Grace à cet exploit, SOCOMEG a pu prendre non seulement une partie du marché des concurrents, mais aussi une bonne partie du marché de l’importation.

PROFILOR : La mère de toutes les entreprises

Le succès de SOCOMEG a agi comme un stimulant sur « l’apprenti industriel » qu’était Issad Rebrab. Il voulait que l’entreprise continue à grandir et développe de nouveaux produits en réinvestissant les bénéfices. Mais ses associés ne partageaient pas sa vision. Ils redoutaient même une nationalisation de l’entreprise. Pour poursuivre son aventure, Issad Rebrab a dû s’incliner devant la majorité et décida de créer sa propre entreprise.

C’est ainsi qu’il lance en 1974 PROFILOR, qu’il considère comme la mère de toutes ses entreprises, la base de tout, même du Groupe CEVITAL, qu’il lancera en mai 1998.

La création de PROFILOR est née de la forte demande du marché sur les lames de rideaux et du peu d’entreprises qui les fabriquaient. C’est un de ses anciens associés à SOCOMEG qui a attiré son attention sur ce créneau.

Quand Issad Rebrab a eu l’idée de créer PROFILOR, il n’y avait que deux entreprises qui fabriquaient les lames de rideaux, MICHELER et MALLARET. Mais aussitôt sa profileuse installée et prête à produire, dix autres producteurs firent leur apparition, saturant le marché et le rendant très concurrentiel. Mais loin de se décourager, Issad Rebrab a décidé de partir à la rencontre des clients pour mieux comprendre leurs besoins. Il s’est ainsi mu en vendeur et a sillonné l’Algérie entière à bord de sa Peugeot 404.

Avec une parfaite compréhension des besoins du marché, PROFILOR a fini par s’imposer comme le fournisseur de choix de plusieurs fabricants de rideaux. Mais Issad Rebrab ne voulait pas se contenter de la fabrication des lames de rideaux et avait déjà une autre idée en tête.

Réalisant l’énorme potentiel qu’offrait le métier de transformation métallique, il se mit à la recherche de produits facile à fabriquer et en grosse demande. Il décida alors de faire du « métal déployé », un procédé qui transforme par étirement une plaque de métal en grillage. Ce grillage sert pour une large gamme de produits en très forte demande et souvent importés, comme les garde-fous pour balcons, les enjoliveurs pour portes ou escaliers et même les grillages triple torsion (grillage poulailler).

Le succès était encore une fois au rendez-vous. Très vite les importations s’arrêtèrent et PROFILOR s’est même mise à exporter ses produits vers le Maroc et la Tunisie.

Après avoir dominé le marché du métal déployé, Issad Rebrab s’intéressa aux rayonnages métalliques. La fabrication de ces produits n’a pas tardé à prendre une importance centrale dans la production de PROFILOR.

Enchaînant les succès, L’entreprise a connu une performance phénoménale avec une croissance de 50 à 70% par an. Sur le plan de l’emploi, elle est passé de 4 employés en 1975, année de son entrée en production, à 220 en 1978.

Dès 1979, PROFILOR se lance dans l’acquisition de plusieurs entreprises : SOTECOM qu’Issad Rebrab a racheté à son concurrent dans le rayonnage métallique et la SACM d’ORAN qui comptait 180 employés et qui était spécialisée dans la grosse chaudronnerie et la fonderie fonte. Grâce à PROFILOR, Issad Rebrab a créé en 1985 ENALUX, une entreprise spécialisée dans les échelles et échafaudages en aluminium, qu’il cèdera par la suite à son frère. Elle a également permis le lancement en 1986 de METALOR qui est devenue la deuxième société du Groupe.

Au départ, METALOR faisait les tubes serrurerie de différentes formes, le refondage de la bobine d’acier, de la TN 40, des tôles nervurées galvanisées pour les couvertures et d’autres profilés à froid. Par la suite, elle s’est mise à la fabrication des tubes crépinés type Johnson, en inox, pour les forages de haute qualité.

METAL SIDER : Cap sur l’industrie lourde

Pour Issad Rebrab l’industrie lourde a un nom, METAL SIDER. Grâce à PROFILOR et ses autres petites entreprises, il disposait de ressources financières importantes qu’il voulait investir pour contribuer au développement de son pays.

Ayant fait le tour de la petite industrie, il était à présent tenté par la cour des grands : l’industrie lourde. Une aventure à hauts risques sachant que ce domaine était à l’époque l’apanage du secteur public.

Bravant, comme à son habitude, les incertitudes et les difficultés, Issad Rebrab lance en 1988 à Larbaa Beni Moussa dans la Mitidja la construction d’un complexe sidérurgique, METAL SIDER, un des plus grands succès de sa vie.

L’idée de METAL SIDER lui est venue encore une fois des besoins du marché. La demande sur les produits sidérurgiques, le rond à béton et les profilés marchands, était très forte. Par contre, les quantités produites et importées par la SNS, entreprise étatique, étaient loin de couvrir les besoins du marché.

C’est dans ce contexte marqué par une pénurie permanente de produits sidérurgique que METAL SIDER fut créée.

Ses activités florissantes ont fait d’elle le premier employeur privé de l’époque avec 1000 emplois directs. En 1992, pour sa première année d’activité, elle a enregistré des résultats remarquables, l’équivalent de 33 millions de dollars de bénéfice net avant impôt, pour un chiffre d’affaire équivalent à 300 millions de dollars.

La quasi-totalité des profits générés par METAL SIDER était soit réinvestie pour renforcer l’outil industriel, soit utilisée pour financer des nouvelles activités. Ainsi, Issad Rebrab a acquis les activités d’IBM, celle de XEROX et a pu financer la création du journal Liberté.

Fondé en juin 1992, ce grand nom de la presse indépendante algérienne qui était un rempart contre la barbarie terroriste, a cessé de paraître en avril 2022.

Le terrorisme et la fin de l’épopée METAL SIDER

Le développement de METAL SIDER s’est fait dans contexte sécuritaire trouble. La violence terroriste, qui s’est abattue sur l’Algérie, était particulièrement sensible à Larbaa où se trouvait l’usine de METAL SIDER.

Comme tous les patriotes hostiles à la doctrine intégriste, Issad Rebrab faisait régulièrement l’objet de menaces terroristes. Il a même échappé de justesse à une embuscade sur la route de Larbaa à Alger.

Les terroristes l’enjoignaient de fermer le journal Liberté, sous peine de détruire son usine, qui fournissait des matériaux à l’armée algérienne.

Face au refus d’Issad Rebrab d’obtempérer, ils passèrent à l’action. Après avoir volé et incendié de nombreux véhicules de l’entreprise, ils sont revenus deux semaines après avec 14 bombes pour achever leur sale besogne. Ce fut la fin d’un joyau de l’industrie algérienne.

Issad Rebrab a tout perdu. Son assureur a botté en touche en s’abritant derrière la clause de « faits de guerre ». Il ne lui restait plus maintenant qu’à mettre les membres de sa famille à l’abri. Il les envoie en France pour les rejoindre peu après.

Pour nombre d’observateurs, cet épisode marquait la fin de l’aventure industrielle d’Issad Rebrab. Mais c’est très mal connaître l’homme. Tel un Phoenix, il renaîtra bientôt de ses cendres. 

Ne jamais baisser les bras

Le développement de METAL SIDER s’est fait dans un contexte sécuritaire trouble. La violence terroriste, qui s’est abattue sur l’Algérie, était particulièrement sensible à Larbaa où se trouvait l’usine de METAL SIDER.

Comme tous les patriotes hostiles à la doctrine intégriste, Issad Rebrab faisait régulièrement l’objet de menaces terroristes. Il a même échappé de justesse à une embuscade sur la route de Larbaa à Alger.

Les terroristes l’enjoignaient de fermer le journal Liberté, sous peine de détruire son usine, qui fournissait des matériaux à l’armée algériennes.

Face au refus d’Issad Rebrab d’obtempérer, ils passèrent à l’action. Après avoir volé et incendié de nombreux véhicules de l’entreprise, ils sont revenus deux semaines après avec 14 bombes pour achever leur sale besogne. Ce fut la fin d’un joyau de l’industrie algérienne.

Issad Rebrab a tout perdu. Son assureur a botté en touche en s’abritant derrière la clause de « faits de guerre ». Il ne lui restait plus maintenant qu’à mettre les membres de sa famille à l’abri. Il les envoie en France pour les rejoindre peu après.

Pour nombre d’observateurs, cet épisode marquait la fin de l’aventure industrielle d’Issad Rebrab. Mais c’est très mal connaître l’homme. Tel un Phoenix, il renaîtra bientôt de ses cendres.

Le Groupe CEVITAL : L’ère du renouveau et des grandes réalisations

L’idée de se lancer dans l’industrie agroalimentaire bien en tête, il lui fallait maintenant passer au stade de la réalisation. Pour cela Issad Rebrab devait d’abord régler deux points : choisir le produit qu’il allait lancer en premier et, plus important encore, trouver un emplacement stratégique pour son usine.  

Si le premier avait été tranché rapidement en optant pour l’huile de table, le deuxième fut une toute autre histoire. Il lui fallait absolument un site acceptable, avec un accès au marché du centre du pays, mais qui soit également doté d’installations de déchargements modernes pour être compétitif à l’export face à des concurrents internationaux très puissants.

Au départ il a songé au port d’Alger, mais son Directeur Général lui a opposé un manque d’espace. Il ne lui restait que deux ports susceptibles d’accueillir son projet : ceux de Bejaia et de Djendjen.

Le Directeur Général du port de Djendjen a exigé un accord du Ministère des Transports. En revanche, celui de Bejaia a donné immédiatement son accord. Le 8 mai 1998, la première pierre du nouveau projet d’Issad Rebrab fut posée, marquant le début de l’ère des grandes réalisations du Groupe CEVITAL.

L’huile de table : La première grande installation industrielle de CEVITAL

Issad Rebrab n’a pas attendu la construction de sa raffinerie d’huile pour se positionner sur le marché.  En janvier 1999, il avait déjà un pied dans le marché grâce à la fabrication des emballages et le conditionnement des huiles raffinées.

Méthodique, il a commencé par l’importation de l’huile raffinée en vrac qu’il conditionnait à Bejaia. La qualité des emballages qu’il fabriquait et de l’huile qu’il importait lui ont permis de se faire vite un nom dans le segment du haut de gamme. Les consommateurs croyaient d’ailleurs que son produit était importé directement conditionné.

Entretemps, les équipements pour l’usine étaient commandés. Là encore, Issad Rebrab a sa propre méthode. Au lieu d’opter pour une usine « clés-en-main », il a préféré choisir lui-même la société d’étude d’ingénierie et les fournisseurs des différents équipements. Cela lui a permis de construire une usine de classe mondiale au meilleur coût. L’ambition d’Issad Rebrab ne se limitait pas à la domination du marché national, mais visait également l’export.

Les équipements réceptionnés, il lui fallait maintenant s’attaquer au plus dur, la construction de l’usine. Il avait un délai de grâce de six mois avant de commencer le remboursement de son crédit. Une véritable gageure, même pour les entreprises internationales de construction les plus chevronnées. Il prit alors la décision de constituer sa propre société de construction et le résultat fut spectaculaire. En août 1999, les deux premières lignes de la raffinerie d’huile de CEVITAL étaient opérationnelles. 

Ce résultat est d’autant plus spectaculaire que le terrain de 3 HA accordé par le Port de Bejaia était marécageux, donc inconstructible. Pour le rendre constructible, il a fallu réaliser des colonnes ballastées de 20 mètres de profondeur chacune, indispensables pour la reconstitution du sol. De plus, sa superficie était loin d’être suffisante pour l’installation d’une raffinerie et de ses annexes. CEVITAL obtient alors du Port un terrain qui servait à l’époque de décharge publique. Son utilisation a nécessité le déplacement de 350 000 m3 de détritus, une opération majeure.

Autant dire que la tâche était des plus difficiles, voire impossible. D’ailleurs, personne ne croyait à l’époque à ce projet. Pour la garantie bancaire, la banque était hésitante. Elle a mis six mois pour l’accorder et après avoir consulté le Ministère des Finances.

Le marché de l’huile de table était de 1300 tonnes par jour. La capacité de l’usine de CEVITAL était déjà rapidement portée à 800 t/j, pour atteindre par la suite 1800 t/j, soit 140% du marché national, devenant ainsi la plus grande raffinerie d’Afrique et d’Europe sur le même site.

Aujourd’hui, l’huile de de table de CEVITAL est devenue, grâce à sa qualité et l’attention portée au consommateur, un produit familier pour tous les algériens, un compagnon indispensable dans leur vie quotidienne.

La qualité et la satisfaction du consommateur sont au cœur des préoccupations d’Issad Rebrab ; D’où le franc succès des produits de CEVITAL sur le marché national, mais également à l’international.

Si son produit de base est bien l’huile, CEVITAL est maintenant une entreprise de produits gras de consommation courante. Elle fabrique également différents types de margarine ainsi que les graisses végétales qui servent aux marchés des pâtisseries et des fabricants de desserts, crème glacée, chocolat, biscuits et autres produits alimentaires utilisant des matières grasses.

Après le succès de sa raffinerie d’huile, il n’était pas surprenant de voir Issad Rebrab se tourner vers le raffinage d’un autre produit de large consommation et qu’il connait bien. Il s’agit du sucre dont CEVITAL deviendra un des acteurs majeurs du marché en termes production et d’exportation. 

Le sucre : La consécration de CEVITAL à l’international

Issad Rebrab avait le sucre à l’esprit dès le début de l’aventure CEVITAL. Mais un tel investissement nécessitait d’importantes ressources financières qu’il n’avait pas. Il a dû donc attendre un peu.

Fidèle à sa philosophie de réinvestissement des bénéfices, dès que la raffinerie d’huile a commencé à générer des cash-flows, il s’est lancé dans le sucre.

Les besoins du marché en sucre étaient satisfaits en grande partie grâce à une importation massive. A l’instar de l’huile, il s’agissait d’importer le sucre brut pour le raffiner, puis le commercialiser. Il fallait donc s’assurer que la production serait compétitive face aux produits importés, mais également face aux grandes entreprises internationales.

La réalisation de ce projet ne fut pas sans difficultés en raison de la nature du sol port de Bejaia. Mais la société de construction de Cevital releva encore une fois le défi, en construisant non pas une raffinerie de sucre mais deux. La première en 2002 et la deuxième huit ans après en 2010.

Mieux encore, tout en reconstituant et en consolidant le sol, Issad Rebrab gagne du terrain sur la mer, près de 6 HA, en utilisant du tout-venant de rivière. Un autre exploit, dont il peut être légitimement fier.

Avec une capacité de production de plus de 2 millions de tonnes par an, CEVITAL dispose de la plus grande raffinerie de sucre au monde sur le même site. Elle couvre largement les besoins du marché local tout en faisant passer l’Algérie du stade importateur à celui d’exportateur.

CEVITAL est arrivé sur le marché international du sucre au bon moment. A partir de 2011, l’Europe est devenue un net importateur de ce produit suite à la fermeture de ses veilles raffineries et sucreries. Avec des économies d’échelle substantielle et des coûts d’opérations compétitifs, le Groupe d’Issad Rebrab était clairement un acteur international en position favorable et un pionnier de l’exportation en Algérie.

Si le sucre de CEVITAL s’est exporté partout dans le monde, c’est aussi grâce à sa qualité supérieure aux normes européennes. De 370 milles tonnes expédiées vers 28 pays en 2010, les exportations de CEVITAL ont dépassé en 2020 les 900 milles tonnes et vers plus de 40 pays dans le monde.   

Pour atteindre ce résultat, Issad Rebrab n’a pas lésiné sur les moyens. L’opération de reconstitution du sol lui a coûté 100 millions de dollars. Il a également investi 3.5 millions d’euros en 2010 dans un terminal de chargement de sucre blanc avec une cadence de 800 t/h et qui permet de transférer le produit directement du silo vers un bibo (bateau usine). Des installations cruciales qui ont contribué à faire de Cevital un acteur important sur le marché international du sucre.

L’agroalimentaire a été la base principale du Groupe cevital et générait en 2010 une grande partie de son cash-flow, environ 60%. La vente des automobiles Hyundai lancé en 19997 représentait l’autre activité génératrice de fond, avec environ 25% du cash-flow. Ces activités ont été à la source de tous les investissements qui ont été faits depuis la création de l’entreprise, en réinvestissant pratiquement tous les bénéfices générés par le Groupe. Dans son rapport au Conseil d’administration, Issad Rebrab confirme que « sur 100 DA de fonds générés par les opérations, 59% sont versés au budget de l’Etat sous forme d’impôts et de taxes, 40% sont réinvestis et seulement 1% est distribué aux actionnaires ». 

De 2000 à nos jours, de nombreuses activités ont été ainsi financées dans le domaine de l’agro-alimentaire et dans d’autres secteurs. Profondément attaché à la terre, il se lance dans l’agriculture avec CEVIAGRO. Il s’intéresse au transport maritime et crée NOLIS. En 2005, il multiplie les investissements : Reprise de LALA KHADIJA, une unité de production d’eau minérale plate et gazeuse, création de deux unités de fabrication de bâtiment préfabriqué en béton, reprise de COJEK, spécialisé dans les jus et les conserves, sans oublier le lancement de la grande distribution avec NUMIDIS.

En 2007, il reprend BATICOMPOS, une unité de de fabrication de panneaux sandwichs. Il crée également SAMHA pour la distribution en Algérie de produits électroniques et électroménagers de marque Samsung, avant de se mettre à leur fabrication en 2009 avec la construction d’une usine à Setif. Non loin de Samha, il construira une méga-usine, qui s’étend aujourd’hui sur une superficie de 110 ha dont 30 ha couvert. Elle abrite les activités électroménagères de BRANDT qui a signé en octobre 2022 un partenariat avec le géant brésilien WEG pour la fabrication des moteurs électriques pour machines à laver. Ce projet, WEG MOTORS ALGERIE, permettra de couvrir les besoins du marché local, actuellement satisfaits par les importations, tout en dégageant un excédent pour l’export.

Issad Rebrab s’attaque également à d’autres secteurs : Les véhicules de travaux publics avec COGETP, la logistique avec NUMILOG et la fabrication des fenêtres et portes-fenêtres en profilé PVC avec OXXO, une usine ultra moderne installée à Bourdj-Bouararij.

Mais Issad Rebrab est surtout allé là où personne ne l’attendait, le verre plat. Un secteur presque mythique, tant de grandes entreprises internationales ont donné leurs noms aux différents procédés qui dominent actuellement la fabrication du verre.

Le verre plat : Le deuxième réacteur de CEVITAL

C’est un peu une surprise de voir CEVITAL réussir à produire et à vendre du verre plat sur le marché local et à l’international. C’est là une industrie traditionnelle très technologique, pour laquelle les économies d’échelle sont considérables.

Pour construire à Larbaa le complexe de MFG, Issad Rebrab a dû se surpasser. Les grandes entreprises internationales ne voulaient pas collaborer pour le transfert de technologie ou exigeaient un prix prohibitif pour le faire. Elles n’étaient pas disposées à faciliter la tâche à un concurrent potentiel. Il s’est alors tourné vers la Chine, qui a accepté de lui fournir les designs du complexe et une assistance au démarrage. Elle a même accepté qu’Issad Rebrab choisisse lui-même les fournisseurs des différents équipements. Comme pour ses autres installations industrielles, il voulait un complexe de classe mondiale. Pour cela, le choix des fournisseurs d’équipement était capital.

Issad Rebrab accomplit une véritable prouesse et lance en 2007 sa première ligne de production de verre plat d’une capacité de 600 t/j. En 2016, il remettra le couvert avec une deuxième ligne d’une capacité de 800 t/j, propulsant MFG au rang de leader africain et de référence mondiale dans le domaine de la fabrication du verre.

CEVITAL fabrique différents types de verre : verre clair, verre feuilletée, verre à couche, verre pyrolytique et verre électroménager. Comme d’habitude, elle ne produit pas seulement pour le marché local. 30% de sa production couvre les besoins du marché national et les 70% restant sont exportés. Là encore, Issad Rebrab a pu faire passer l’Algérie du stade importateur à celui d’exportateur.

En produisant du verre, Issad Rebrab a non seulement consolidé sa place dans la cour des grands mais a démystifié la grande industrie. Il a démontré que des entrepreneurs courageux pouvait réussir dans ce secteur hautement prestigieux.

Avec MFG, CEVITAL dispose désormais d’un deuxième réacteur. Le premier est tout naturellement l’agro-industrie qu’Issad Rebrab n’a jamais cessé de développer. C’est ainsi qu’il lance un projet de trituration de graines oléagineuses et qui connaîtra un destin des plus étonnants.

La trituration : Au service de l’indépendance alimentaire de l’Algérie

En lançant sa raffinerie d’huile en 1999, Issad Rebrab savait au fond lui-même qu’il n’avait fait que la moitié du chemin. Pour aller au bout, il lui fallait produire également la matière première, l’huile brute.  Un secteur qui présente d’énormes avantages pour l’économie nationale.

Après des années de préparation, il donne en 2017 à Bejaia le coup d’envoi de la construction d’une usine de trituration de graines oléagineuses, multi-graines et d’une capacité de 11000 t/j. A son grand étonnement, il s’est heurté dès le début à une opposition féroce des responsables de l’époque. Mais Issad Rebrab fera une nouvelle fois front et continuera les travaux.

Menacé d’une démolition pure et simple, ce projet sera sauvé in extremis en 2022 par Abdlmajid Tebboune, élu Président de l’Algérie en décembre 2019. Le Président de la république a bien saisi l’apport considérable de ce projet pour l’économie nationale. Il l’érigera même en symbole de sa politique de conquête de l’Algérie de son indépendance alimentaire.

Cette usine, qui entrera en production au premier semestre 2023, permettra à l’Algérie de produire une huile 100% locale, d’exporter et de redynamiser le secteur agricole à travers la création de 100 000 emplois indirects. 

Après 25 ans d’existence, CEVITAL est aujourd’hui un groupe algérien de renommée mondiale. Leader du secteur privée
en termes d’emplois, de contribution au budget de l’Etat et d’exportations, il est
déterminé à continuer à contribuer au développement de l’économie algérienne et
à son rayonnement à l’international.